dimanche 22 novembre 2015

Lutte contre les effets du changement climatique : Les pays de l’Uemoa face aux catastrophes naturelles


Les pays de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA), à l’instar de tous les pays africains, font face aux conséquences des changements climatiques, telles que les sécheresses prolongées, les inondations, la déforestation, la désertification… Ne pouvant pas faire face individuellement à tous ces effets, les huit pays de l’UEMOA font recours à la Banque Ouest africaine de développement (BOAD) qui les appuie à travers plusieurs projets environnementaux. Ces appuis de la BOAD permettent aux pays de l’Union de s’adapter aux changements climatiques et d’améliorer les conditions de vie des populations.
Isac A. YAÏ
Ces dernières années, des étendues de terres des pays de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) ont connu les effets de l’érosion côtière. On estime que d’ici 2050, plusieurs centaines d’hectares de terre vont s’engloutir au fond de la mer avec certains quartiers des villes  côtières. Il faudra s’attendre à des conditions météorologiques extrêmes. Les inondations de 2010 ont causé des dommages qui sont estimés à plusieurs milliards de Francs Cfa. Les régions côtières des pays de l’UEMOA doivent profondément revoir leurs infrastructures et leur système de gestion des catastrophes pour éviter d’éventuels désastres.
Des actions de collecte et de traitement des ordures doivent se mener afin de trouver de solution à des sacs en plastique  qui bloquent les canalisations et empêchent le drainage des eux qui provoque des inondations. Le risque des inondations va de pair avec les maladies, favorisées par de mauvaises conditions d’hygiène.


Eau et Assainissement
L’espace UEMOA est l’une des régions du monde où l’accès des populations à l’eau potable et à l’assainissement est le plus faible. Il a été ainsi démontré que si des actions ne s’intensifient pas de manière significative, les pays de l’Union n’atteindront pas d’ici fin 2015 la cible des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) en matière d’eau potable et d’assainissement. Pour faire face à ces faibles taux d’accès à l’eau potable et à l’assainissement, les gouvernements des pays membres de l’UEMOA ont développé des stratégies et des actions spécifiques centrées sur la mobilisation des ressources en eau, le développement des infrastructures d’eau potable, d’évacuation des eaux usées et des excréta pour réaliser une plus grande couverture des besoins.
Il convient de souligner que la BOAD a beaucoup contribué au développement du secteur de l’eau potable dans les pays de l’UEMOA en finançant des projets d'approvisionnement en eau potable en milieu urbain et d’hydraulique villageoise.
C’est dans ce contexte que les organes délibérants de la BOAD ont adopté une stratégie d’intervention de l’institution dans les secteurs de l’alimentation en eau potable et de l’assainissement dans les pays de l'Union.
La stratégie d’intervention de la BOAD dans les secteurs de l’alimentation en eau potable et de l’assainissement vise à accompagner davantage les efforts des Etats membres ainsi que ceux des partenaires au développement, tout en contribuant, dans lesdits secteurs, à la réalisation des OMD.

La sécheresse prononcée
La déforestation due à la commercialisation des bois vers les pays asiatiques tels que  la Chine ou l’Inde, constituent une grande menace pour l’écosystème et la biodiversité. En Afrique au Sud du Sahara, environ 2.000 espèces animales et 1.700 plantes seraient menacées de disparition à cause de la sécheresse (Résultats d’une étude commanditée par la fondation Konrad Adenauer). Si la pluviométrie a augmenté dans la zone ouest-africaine à partir de la décennie 1990-2000, la partie sahélienne fait face à une très forte variabilité intra et inter annelle caractérisée par une alternance brutale entre années très humides et très sèches. Cette situation créé une menace sur la sécurité alimentaire.

Sécurité alimentaire
Le développement du secteur agricole et la réalisation de la sécurité alimentaire sont entravés par l’impact du changement climatique, l’insuffisance des investissements et la faible capacité de mise en œuvre des projets. Les estimations montrent que sous l’effet du dérèglement climatique, les rendements des cultures pluviales connaîtront une réduction de 20 à 50% à l’horizon 2050. L’espace UEMOA, notamment dans sa partie sahélienne, est exposée à une grande vulnérabilité alimentaire qui induit un accroissement de la pauvreté. Selon la FAO, la population sous-alimentée atteindrait 21% dans certains pays de l’Union.
Dans ce contexte, le challenge est de faire du secteur agricole la principale base de création de chaînes de valeurs et un levier essentiel de développement économique par des interventions visant le développement d’une offre agricole suffisante, diversifiée et résiliente.
L’Afrique de l’Ouest compte parmi les régions du monde qui enregistrent les évolutions les plus défavorables  en matière de précipitations ; une hausse exponentielle du nombre d’inondations consécutives à de fortes pluies y est observée depuis le début des années 2000.
Dans les pays de l’UEMOA en particulier, les effets du dérèglement  et du changement climatique impactent négativement la productivité et la production agricole, la disponibilité alimentaire au niveau des ménages agricoles et des marchés, de même que les prix des produits agricoles. Au-delà du domaine agricole, ils affectent divers autres secteurs de l’économie dont la santé avec la recrudescence de maladies climato-sensibles (notamment la méningite et le paludisme).
Au regard de son caractère multidimensionnel, la résilience au changement climatique doit être appréhendée de façon transversale dans tous les aspects du développement économique et comprendre des mesures et stratégies tant d’adaptation que d’atténuation.
S’agissant de la réadaptation des modèles économiques et sociaux classiques aux chocs climatiques, les Etats sont limités notamment par : le manque de données climatiques fiables, utiles et pratiques ; la faiblesse des capacités institutionnelles et techniques permettant de gérer efficacement les risques et de s’adapter au changement climatique ; les contraintes financières ; l’insuffisance de technologies adaptées ; l’inadéquation du cadre légal et réglementaire ; l’insuffisance de ressources financières pour soutenir les projets dans les différents secteurs porteurs.


Un plan pour le développement équilibré des huit pays
Conformément à ses missions statutaires et dans le cadre de la mise en œuvre des orientations prévues par son Plan stratégique 2015-2019, la BOAD s’est engagée à apporter un appui aux Etats membres, en vue d’une résilience face aux chocs climatiques et la réalisation d’une croissance durable et inclusive. Cette stratégie vise le développement équilibré des Etats membres et de contribuer à la réalisation de l’intégration économique de l’Afrique de l’Ouest. Pour mieux apporter son soutien aux huit pays de l’UEMOA, la BOAD siège en tant qu’observateur à la Convention Cadre des Nations Unies pour le Changement Climatique (CCNUCC) et participe activement aux discussions relatives à la construction d’une architecture internationale de la Finance Climat. Elle a été accréditée en 2011 comme la première Entité Régionale de mise en œuvre du Fonds d’Adaptation. Elle abrite, depuis janvier 2013, le premier Centre Régional de Collaboration (CRC) sur le Mécanisme pour un Développement propre (MDP) dont le but est d’apporter un soutien direct aux gouvernements, aux ONG et au secteur privé, pour l’identification et le développement de projets MDP. Ce Centre a déjà apporté un appui direct à des projets en cours d’exécution dans des domaines tels que l’énergie, les foyers de cuisson améliorés, l’éclairage efficace, le chauffage solaire de l’eau, etc. Le CRC a par ailleurs renforcé les capacités de ses agents dans des domaines comme le « standardisedbaseline » et la « finance carbone » appliquée au secteur des foyers améliorés. De plus, le Président de la Banque siège au conseil d’administration du Fonds vert pour le climat, un fonds qui ambitionne de mobiliser, d’ici 2020, 100 milliards de dollars US par an, pour financer des projets liés au climat, surtout dans les pays en développement. De même, la Banque a, au début du mois de juin 2015, obtenu l’accréditation du Fonds pour l’Environnement Mondial (FEM), en qualité d’entité de mise en œuvre des projets. Cette décision offre à la BOAD la possibilité de mobiliser des ressources importantes pour financer des projets environnementaux prioritaires pour les Etats et faisant partie des domaines de concentration du FEM, à savoir les changements climatiques, la biodiversité et la dégradation des terres. Elle conforte également la l’institution sous-régionale dans son engagement sur les questions environnementales et alimentaires. De plus le Président de la Banque siège au Conseil d’administration du Fonds vert pour le climat. Ce fonds ambitionne de mobiliser, d’ici 2020, 100 milliards de dollars US par an pour financer des projets liés au climat, surtout dans les pays en développement.
La vision de la Banque concerne les projets climat, les l’efficacité énergétique, des énergies renouvelables, des procédés industriels, l’agriculture, la conservation des sols, l’irrigation et les forêts.
Pour porter un regard plus attentif sur l’aspect Finance Climat dans les pays de l’UEMOA, la BOAD a créé depuis janvier 2015, en son sein, une nouvelle Direction de l’Environnement et de la Finance Climat (DEFIC). En plus du volet Environnemental social et climatique, cette nouvelle Direction a pour objectif le financement des projets d’adaptations et d’atténuation aux changements climatiques, et la promotion et le développement de projets carbones.
Pour les interventions de la BOAD en matière de Finance Climat, il est nécessaire pour la Banque, en tant qu’entité chargée du développement durable, de comptabiliser au-delà des crédits carbone, les Co bénéfices économiques, environnementaux et sociaux qui seront générés par les projets. Une meilleure valorisation de ces cobénéfices permettra de se rendre compte de la priorité que ces projets devraient avoir dans le portefeuille de la BOAD, qui veut promouvoir le développement durable.

Promouvoir des projets dans le domaine du climat
Au regard des enjeux liés aux dérèglements climatiques et à leurs conséquences néfastes, la Banque Ouest africaine de développement (BOAD) s’est engagée à promouvoir des projets d’atténuation et d’adaptation aux changements climatiques et à mettre en œuvre une stratégie de mobilisation de ressources appropriées. Ainsi, la BOAD créé ‘’l’Initiative Carbone". Elle a pour objectif de promouvoir la gestion environnementale et sociale des projets qu’elle finance, de financer des projets d’adaptation et d’atténuation et en fin de faire la promotion et de développer des projets carbones. . Cela permettra de tirer le maximum d’avantages résultant des transferts de technologies plus propres et plus efficaces, et de faire bénéficier aux économies des Etats membres le fonds environnementaux. Les actions de ladite Initiative ont permis entre autres à la Banque d’être accréditée en tant qu’Entité Régionale d’Implémentation du Fonds d’adaptation aux changements climatiques dont les ressources peuvent être mobilisées sous forme de dons pour financer des projets d’adaptation.
Par ailleurs, dans la mise en œuvre de l’opération appelée « Facilité du Sahel », la BOAD a déjà évalué un projet d’adaptation aux changements climatiques au Niger. Il s’agit « d’un projet d’aménagement de 1200 ha de la tranche d’urgence du Programme Kandadji » et de  bonifierun au Burkina-Faso, un au Mali et au Sénégal. Tous ces efforts de la Banque permettront de générer des emplois durables et de faire face aux conséquences des dérèglements climatiques.

Responsabilité partagée mais différenciée
L’Afrique émet la plus faible quantité de gaz à effet de serre du monde, mais elle est la plus frappée par les effets néfastes des changements climatiques. Elle n’a joué presque aucun rôle dans le réchauffement de la planète qui est causé principalement par l’activité économique des pays industrialisés. Ses populations, très pauvres, sont les moins préparées à lutter contre les impacts négatifs de ces changements climatiques causés par les pays industrialisés. Les nations plus riches, qui ont de tout temps contri0bué le plus au réchauffement du globe, sont plus capables de s’adapter à ces impacts. Une injustice !
Il est donc impératif que la délégation africaine qui sera présente au sommet du climat en décembre prochain à Paris lève le ton pour que cette injustice soit corrigée. Et la meilleure façon d’aider les pays africains à faire face aux impacts des changements climatiques est la création d’un fonds vert au profit de l’Afrique car, il est désormais clair qu’on ne peut plus lutter contre les effets des changements climatiques, mais il faut s’y adapter. Et pour atténuer efficacement les changements climatiques mondiaux et s’y adapter, il faut alors éliminer les disparités entre les pays développés et les pays en développement. Seule possibilité pour l’Afrique de faire face à l’intensification des sécheresses, la désertification, la montée du niveau de la mer et les inondations.
Le développement durable, défini comme un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre à leurs propres  besoins, implique l’intégration harmonieuse d’une économie rationnelle et viable, d’une gouvernance responsable, de la responsabilisation des populations, de la cohésion sociale et de l’intégrité écologique. Un tel développement implique le maintien de la qualité de l’environnement. Mais avec les effets des changements climatiques, l’Afrique en général et les pays de l’Union Economique et Monétaires Ouest Africaine (UEMOA) assistent à la dégradation de l’environnement avec les sécheresses prolongées et des inondations intenses. Ces effets néfastes des changements climatiques consistent non seulement une menace sur les habitats et écosystèmes, mais freinent aussi le développement de ces pays. Ils sont à la base de la réduction de la productivité agricole et à l’augmentation de l’insécurité hydrique à laquelle on assiste dans l’espace UEMOA. Le développement durable en Afrique de l’Ouest ne peut pas se réaliser efficacement sans tenir compte des impacts des changements climatiques.



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